• De terre et de mer de Sophie Van Der Linden

    4ème de couverture

    "J'ai fait une rencontre surprenante dans le train. Un peintre chinois, parlant français. Dans la peinture chinoise, m'a-t-il expliqué, le spectateur n'est pas extérieur au tableau, il est au contraire plongé dans un paysage qui est une composition de différents lointains. On n'observe pas le paysage, on y séjourne, on s'y promène, on y voisine..."
    Henri, un jeune artiste, arrive après un long voyage sur l'île de B. Il est venu rendre visite à Youna, la femme qu'il aime et qui s'est détournée de lui. L'action se passe au début du 20ème siècle en Bretagne, et se déroule en vingt-quatre heures. Le lecteur, voyeur, va suivre les tribulations d'Henri sur l'île pendant cette journée fatidique. Comme dans un véritable tableau chinois, il séjournera dans ce paysage magique et poétique. Il fera de multiples rencontres. Jusqu'à la chute finale - et tragique. De terre et de mer est le troisième roman de Sophie Van der Linden. L'auteur confirme encore ici son talent et, comme dans La Fabrique du monde, explore avec acuité les liens qui se tissent et se défont dans la relation amoureuse.

    Mon avis

    Dès que j'ai vu que cette auteure sortait un nouveau livre, je me suis précipitée ... j'avais tellement envie de retrouver cette écriture douce et reposante découverte dans "la fabrique des mondes"

    Et le plaisir était là, dans cette histoire toute en finesse qui se déroule sur 24h,... Nous ouvrons le livre en embarquant et le refermons avec le retour sur le continent, une seule journée, sur une ile de Bretagne où malgré la violence de certaines situations, tout n'est que poésie, émerveillement, découverte et sensation. 

    "Le vent doux soufflant sur son visage l'invitait à respirer profondément. De là-haut, il ressentit la mer plus qu'il ne la voyait, vaste et puissante masse noire cassée par le ressac venant se fendre sur les rochers en contrebas. Partout autour de lui, le ciel étoilé imposait sa présence magistrale dans cette parure veloutée immensément arrondie qui ramassait le vaste écorché terrestre assoupi. Henri se sentait pris dans cette infinité, et dans cette ile qui, sans être la sienne, lui suggérait néanmoins un attachement d'une similitude, en même temps que l'espoir non encore strictement déchu d'une terre promise à l'avenir et à l'amour."

    "Henri sortit enfin de sa torpeur et se dégagea brutalement de l'étreinte soyeuse, surprise et troublé par cette agression voluptueuse"

    Comme dans un tableau dans lequel nous devenons acteur, nous cheminons avec Henri et c'est là dans cette parenthèse que tout se joue. J'ai vraiment aimé cette parenthèse contemplative, tellement éloigné de la frénésie environnante. 

    De terre et de mer de Sophie Van Der Linden

    Dans la catégorie VOYAGE

    De terre et de mer de Sophie Van Der Linden


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  • Il était une ville de Thomas B. Reverly

    4ème de couverture

    Détroit, 2008. Alors que les maisons ne valent plus rien et que les gens s'en vont en les abandonnant, Eugène, un jeune ingénieur français, débarque pour superviser un projet automobile. Au même moment, l'inspecteur Brown enquête sur la disparition du petit Charlie, qui a grandi dans l'un de ses quartiers désertés.

    Mon avis :

     Une lecture qui m'a souvent rappelé Six jours de Ryan Gattis, la désolation d'une ville, un personnage à part entière, abandonnée par ses habitants avec cette phrase qui revient tel un leitmotiv "que le dernier éteigne la lumière"

    "Detroit, la nuit c'est comme un désert. Vous pensez que c'est vide, le désert, tant que vous avancez vous ne croisez absolument personne et puis vous vous arrêtez et au bout de dix minutes il y a quelqu'un qui semble surgi de nulle part et qui s'approche de vous, vous ne l'avez même pas vu arriver. Detroit est comme ça la nuit"

    Dans cette ambiance les personnages sont presque anecdotiques, ils se croisent à peine : un vieux policier bientôt à la retraite, une serveuse de bar, un ingénieur, un ado et sa grand mère mais toujours cette ville, désertée depuis "la Catastrophe" qui nous est à peine racontée. 

    Plus qu'une histoire c'est un espoir, une envie de s'en sortir même quand tout s'écroule autour de soi, que nous raconte Thomas B. Reverly.

    Il était une ville de Thomas B. Reverly

    Dans la catégorie PHRASE

    Il était une ville de Thomas B. Reverly


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  • A tombeau ouvert de Bernard Chambeau

    4ème de couverture

    Où étiez-vous le 1er mai 1994 ?
    Qui a oublié les débris de voiture qui volent, le pneu qui plane à une altitude invraisemblable et semble ne jamais vouloir retomber, les voix des commentateurs de télévision qui se taisent ? Ayrton Senna est sorti de la piste à 260 km/h, avant de percuter un mur sur le circuit d’Imola.
    Bernard Chambaz nous fait revivre cette tragédie moderne d’un nouvel Achille, débordant de fureur et de larmes. Senna, c’est à la fois notre histoire et le reflet d’une époque où la vitesse n’efface pas encore les souvenirs.

    Mon avis

    "A tombeau ouvert". Ces trois mots me hantent. Ce n'est pas la première fois et ils me renvoient à cet été fatidique, quand je descendais les cols à vélo, sans rien qui puisse me freiner. Antan, on galopait déjà à tombeau ouvert, donc plus vite et de façon si périlleuse qu'à bride abattue. Pour ainsi dire, la rapidité est telle dans ce cas de figure qu'on esquive l'étape du cercueil pour filer directement dans le tombeau.

    Quel étonnant roman qui reprend la vie souvent tragique de grands coureurs automobile. Des anecdotes, des morceaux de vie, des rencontres, des jalousies, des magouilles, mais toujours une grande admiration pour ces personnages. 

    Et cette étonnante sensation d'être pris dans l'écriture, dans ces différentes histoires comme au volant d'une de ces machines et de tourner en rond, encore et encore de plus en plus vite pour arriver toujours à la même fin : le nombre de tours, les phrases en sujet verbe, le temps qu'il fait, la ligne d'arrivée les poings levés.

    Certains personnages sont plus attachants que d'autres et en particulier Ayrton Senna, fil conducteur de ce roman : 

    "Il pose les mains sur le volant, étend les jambes, ferme les yeux quelques secondes, submergé par l'émotion d'un rêve devenu réalité (c'est trivial mais tellement ça) gamin émerveillé et timide devant la caméra d'une toute petite équipe de télévision brésilienne qu'il a convoquée pour immortaliser l'instant. On croit voir des larmes dans ses yeux. Il rectifie, non, il ne pleure pas, c'est le soleil, et il prie."

    Il y a de beaux passages mais aussi des moments plus longs où ça n'avance plus, sans doute passionnant pour ceux qui s'intéressent à ce sport et connaissent bien les coureurs pour ma part je me suis vite lassée.

    Merci à A tombeau ouvert de Bernard Chambazet aux éditions A tombeau ouvert de Bernard Chambaz

    dans la catégorie LETTRE ISOLEE

    A tombeau ouvert de Bernard Chambaz

    A tombeau ouvert de Bernard Chambaz

     

     


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  • Reposes-toi sur moi de Serge Joncour

    4ème de couverture

    Aurore est une styliste reconnue et Ludovic un agriculteur reconverti dans le recouvrement de dettes. Ils n'ont rien en commun si ce n'est un curieux problème : des corbeaux ont élu domicile dans la cour de leur immeuble parisien. Elle en a une peur bleue, alors que son inflammable voisin saurait, lui, comment s'en débarrasser. Pour cette jeune femme, qui tout à la fois l'intimide et le rebute, il va les tuer. Ce premier pas les conduira sur un chemin périlleux qui, de la complicité à l'égarement amoureux, les éloignera peu à peu de leur raisonnable quotidien.

    Dans ce grand roman de l'amour et du désordre, Serge Joncour porte loin son regard : en faisant entrer en collision le monde contemporain et l'univers intime, il met en scène nos aspirations contraires, la ville et la campagne, la solidarité et l'égoïsme, dans un contexte de dérèglement général de la société où, finalement, aimer semble être la dernière façon de résister.

    Mon avis

    C'est avec une totale confiance sur je me suis reposée sur l'auteur pour le dévorer en une nuit !

    Parce que comme souvent avec lui, je me suis reconnue, retrouvée, dans la solitude de la ville

    "Elle eut tout à coup l'envie d'appeler quelqu'un, elle ne savait pas qui, une voix à l'autre bout du fil qui simplement lui réponde, une voix qui la rassure, une voix qui sache trouver les mots, même à minuit passé, une voix qui lui ferait ce don insensé de tout écouter, et qui à distance saurait l'apaiser, lui dire qu'elle allait bien dormi malgré ce lit froid."

    la sensation de ne pas être à ma place,

    "il le sent bien, où qu'on aille on est d'ailleurs, et c'est sans fin qu'on n'est pas d'ici"

    dans l'envie de l'aventure... parce que je me suis laisser portée par ses mots, aussi doux que brutaux, la justesse des propos, la sensibilité infinie des personnages, abandonnés à leurs peurs et angoisses, seuls tellement seuls. Et puis cette lueur à laquelle on n'ose pas croire et qui pourtant nous guidera au moins pour un temps. 

    Voilà plusieurs années que ce roman couve, j'ai retrouvé la douceur et la force des sentiments de "l'amour sans le faire" et parfois le personnage de gros nounous de "l'écrivain national", j'ai eu l'impression d'une continuité, d'une explosion dans les sentiments dans le passage à l'acte, où l'on retrouve l'animalité des personnages comme leur seul espace de liberté.

    Reposes-toi sur moi de Serge Joncour

    dans la catégorie PONCTUATION

    Reposes-toi sur moi de Serge Joncour

     

     


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  • Un début prometteur de Nicolas Rey

    4ème de couverture

    Un père "chétif et minable", un frère dépressif d'avoir trop aimé, une mère instable : pour Henry, quinze ans, pas facile de se sentir bien dans sa peau. Côté amis, seuls Patrick et Hortense semblent pouvoir le sortir de la monotonie du quotidien. Mais un jour, Mathilde, une jeune professeur de français, va faire voler en éclats cette vie prévisible et fragile, bouleversant ses repères.

    Mon avis

     Alors comme dire ? Dans une banlieue mais plutôt privilégiée, un fils de dentiste, adolescent, abandonné par sa mère, apprend la vie avec comme modèle son frère qui sort d'une rupture après moultes excès. Avec ça il est bien mal barré ! Son pote Patrick ne le mène pas sur la bonne route et Hortense un peu coincée essaie de tenir la barre ! 

    C'est du Nicolas Rey, glauque et déprimant ! Même l'arrivée de Mathilde pétillante professeur de français ne suffit pas à sauver le livre. Fantasme d'auteur peu crédible, et pourtant j'avais bien aimé le film. Bravo à Emma Luchini pour ce qu'elle a réussi  sortir de cette histoire et merci aussi à Veerle Baetens pour son interprétation solaire.

    Dans la catégorie SPECTACLE

    Un début prometteur de Nicolas Rey

    Un début prometteur de Nicolas Rey

    Un début prometteur de Nicolas Rey

    Du jaune 

    Un début prometteur de Nicolas Rey

     


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