• La légèreté de Catherine Meurisse

    Présentation de l'éditeur : 

    Dessinatrice à Charlie Hebdo depuis plus de dix ans, Catherine Meurisse a vécu le 7 janvier 2015 comme une tragédie personnelle, dans laquelle elle a perdu des amis, des mentors, le goût de dessiner, la légèreté. Après la violence des faits, une nécessité lui est apparue : s'extirper du chaos et de l'aridité intellectuelle et esthétique qui ont suivi en cherchant leur opposé la beauté. Afin de trouver l'apaisement, elle consigne les moments d'émotion vécus après l'attentat sur le chemin de l'océan, du Louvre ou de la Villa Médicis, à Rome, entre autres lieux de renaissance.

    Mon avis

    Il est loin d'être léger ce livre, car il nous replonge dans cette horreur qu'a été l'attentat de Charlie Hebdo... mais par ses dessins tout en pudeur Catherine Meurisse revient sur ces moments où elle ne comprends rien à ce qui se passe, le temps  qu'il lui a fallu pour en prendre conscience et comprendre qu'elle était dorénavant seule. 

    Nous ressentons avec elle cet abandon, cette incompréhension, ces absences, sa déprime... et le long apprentissage pour retrouver l'envie. Puis enfin la lumière qui réapparait, le poids qui se lève grâce à l'art et la culture.

    Peu à peu les dessins s'éclaircissent aussi et la légèreté apparait. 

    Un bel hommage à ses amis, un bel hymne à la vie.

     


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  • Chiens de printemps de Patrick Modiano

    4ème de couverture

    En 1964, dans un café parisien, un client braque l'objectif de son Rolleiflex sur un jeune couple assis à une table proche. C'est ainsi que le narrateur fait la connaissance du photographe Francis Jansen, avec qui il se lie un temps. Puis un jour Jansen disparaît sans laisser d'adresse. Le souvenir de cet homme étrange et de leurs rencontres vient hanter, trente ans plus tard, celui que Jansen appelait "le scribe", et qui va tenter de reconstituer sa silhouette évanouie... Mais est-ce un hasard si au dos de la première photo retrouvée, qui va déclencher cette quête hasardeuse de souvenirs, est inscrit "Reproduction interdite" ? Et des images ou des phrases, lesquelles sont les plus aptes à fixer le réel ? Aucune peut-être... 
    "De tous les caractères d'imprimerie, avait dit Jansen, il préférait les points de suspension." 

    Du pur Patrick Modiano, en somme. 
    Pour interpréter Chien de printemps, ce n'est pas seulement le grand talent d'Édouard Baer, c'est aussi sa remarquable connaissance de Modiano qui lui permet d'en saisir toutes les nuances, des clartés illusoires aux brumes de l'incertitude.

    Mon avis : 

     N'est ce pas une belle rencontre que de passer par la voix d'Edouard Baer pour faire connaissance avec Patrick Modiano ? 

    Car j'avoue avoir eu peur jusqu'à ce jour de cet auteur, tellement reconnu et adoré. C'est donc après avoir écouter Edouard Baer présenté cet ouvrage à la grande librairie que je me suis dit qu'ainsi accompagnée je ne prenais aucun risque à franchir le pas.

    Et ce fut un délice, la voix d'Edouard Baer, son ton, son rythme ont donné vie aux mots précis et riches de Patrick Modiano, et j'ai parcouru avec eux deux les rue de Paris, je me suis attaché à ce personnage de Jansen à la fois fuyant et attachant, j'ai reconstruits sa vie à partir de ces images compilées par le scribe.

    C'est un voyage au pays des mots et des photos, dans un Paris nostalgique de nous offre cette écoute.

    Chiens de printemps de Patrick Modiano

     

    Hors thème

    Chiens de printemps de Patrick Modiano

    Dans la catégorie ANIMAL

    Chiens de printemps de Patrick Modiano


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  • La vie en bleu de Martin Steffens

    4ème de couverture : 

    Comment la philosophie aide à aimer le réel jusque dans ses épreuves. Voir la vie en rose, dans l'impatience d'un bonheur immédiat, sans épreuve et sans nuages, nous amène trop souvent à broyer du noir... Car comment réaliser la valeur de ce qu'on possède comme un acquis, de ce qu'on a jamais perdu, de ce pour quoi on n'a jamais tremblé, de ce pour quoi on ne s'est jamais battu ? Et si nous apprenions à voir la vie en bleu ? A nous réconcilier avec nos difficultés et à ouvrir les yeux sur ce qu'elles nous apportent de positif ? À accepter les épines des roses, et les ecchymoses que nous fait l'existence ? Une promenade philosophique autour des grands enjeux de nos vies (l'amour et la confiance, le risque et la prudence, la mort et la vie...), comme un manuel de mieux-vivre.

    Mon avis

    "La vie est comme un bleu de travail qu'on enfile chaque matin, pour faire du jour qui se lève l'occasion de belles choses."

    Voilà à peu près toute la teneur de cet essai, oui la vie fait des bleus plus ou moins douloureux, mais elle nous rend plus forts, remplie nos journées de surprises et nous étonne chaque jour. Ceux sont aussi ces coups qui nous rendent plus humains, compatissants, ouverts si on les accepte.

    Un livre plein d'optimisme qui booste et soutient, et qui tombait particulièrement bien dans ma vie ces jours ci, parce qu'il parle aussi d'amour et tellement joliment : 

    "L'amour plein et véritable, signe à l'être aimé un chèque en blanc. Quand on dit "je t'aime" on introduit dans notre vie 'inconditionnel et l'absolu. On envoie paitre toutes les circonstances, toutes les conditions, tous les bémols qu'on pensait mettre à son amour. On en dit pas : "je t'aime les samedis matins", ou bien "je t'aime quand j'ai un peu bu, quand tu mets cette robe, ..."mais "je t'aime" tout court, tout simplement, absolument, c'est à dire, j'ouvre tout grand les bras à ce que tu es, je te promets de m'émerveiller toujours de ce que je n'ai pas prévu que tu serais, de te suivre dans tes détours et malgré toutes les chutes. Bref de me passionner pour l'aventure que tu es. Je t'aimerai jusque là."

    Mais il aborde aussi les thèmes de l'absence, de la mort, du deuil et du temps qui passe et qui nous laisse accepter sans effacer pour autant cette douleur.

    "Il faut se laisser prendre par cetteidée réconfortante : celle ou celui qu'on aime jusque dans son départ fut dans notre vie une si belle promesse de bonheur que quelque chose en nous sait qu'elle sera tenue. L'amour, le véritable amour, celui qui dit "je t'aime" n'a pas d'âge : il prête à l'être aimé une telle densité qu'on la sent capable de surmonter le néant"

    Il nous rappelle que la vie n'est faite que de petites pertes au quotidien, qu'il faut profiter de chaque instant, faire confiance aux autres et à la vie.

    Un document à mettre en toutes les mains, car il est bien écrit, clair, simple et imagé à la portée de tous.

    Dans la catégorie COULEUR

    La vie en bleu de Martin Steffens


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  • Citation du dimanche #138

    A chaque histoire finie on perd une part de soi. 

    Misha Halden

    1979 - 

    La viande des chiens, le sang des loups.


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  • Babylone de Yasmina Reza

    4ème de couverture : 

    "Tout le monde riait. Les Manoscrivi riaient. C'est l'image d'eux qui est restée. Jean-Lino, en chemise parme, avec ses nouvelles lunettes jaunes semi-rondes, debout derrière le canapé, empourpré par le champagne ou par l'excitation d'être en société, toutes dents exposées. Lydie, assise en dessous, jupe déployée de part et d'autre, visage penché vers la gauche et riant aux éclats. Riant sans doute du dernier rire de sa vie. Un rire que je scrute à l'infini. Un rire sans malice, sans coquetterie, que j'entends encore résonner avec son fond bêta, un rire que rien ne menace, qui ne devine rien, ne sait rien. Nous ne sommes pas prévenus de l'irrémédiable".

    Mon avis

    Alors que la première partie n'a en apparence pas grand intérêt elle permet de poser les personnages, de nous les faire découvrir et de nous donner une image de cette drôle de relation qu'entretiennent Jean-Lino et la narratrice. 

    Puis il y a cette soirée où tout bascule et où les personnages partent en vrille, en douceur comme sur une pente glissante dont ils ont à peine conscience. Tout s'enchaine, les heures passent ils tentent le tout pour le tout, en secret comme dans une bulle hors du monde, dans leur monde à eux, celui qu'ils se sont créés depuis quelques mois et dans lequel on ne peut pénétrer mais seulement être spectateur.

    J'ai été captivée par la force qui les anime, cette entr'aide absurde et qui porte, les rend vivants. On sent bien qu'ils vont droit dans le mur mais c'est plus fort qu'eux.

    L'écriture de Yasmina Reza est fluide et légère malgré les propos, il se dégage même une certaine douceur comme si les personnages évoluaient dans une sorte de brouillard. Etonnante expérience de lecture.

     

    "Le passé s'effondre à une vitesse, il devient crayeux comme le mur des oubliés"

    Dans la catégorie LIEUX

    Babylone de Yasmina Reza


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