• La lune revient sale…

     

    La lune revient sale 

    en fin de journée

    Ma grand-mère la lave 

    et l’étend à la fenêtre

    Elle laisse couler l’eau 

    pour que soient propres 

    les rêves

     

    Jean Elias


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  • A la faveur de la nuit

     

    Se glisser dans ton ombre à la faveur de la nuit.
    Suivre tes pas, ton ombre à la fenêtre.
    Cette ombre à la fenêtre c'est toi, ce n'est pas une autre, c'est toi.
    N'ouvre pas cette fenêtre derrière les rideaux de laquelle tu bouges.
    Ferme les yeux.
    Je voudrais les fermer avec mes lèvres.
    Mais la fenêtre s'ouvre et le vent, le vent qui balance bizarrement
    la flamme et le drapeau entoure ma fuite de son manteau.
    La fenêtre s'ouvre : ce n'est pas toi.
    Je le savais bien.

     

    Robert Desnos (A la Mystérieuse, 1926)


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  • Celui qui entre par hasard 

    Celui qui entre par hasard dans la demeure d'un poète
    Ne sait pas que les meubles ont pouvoir sur lui
    Que chaque nœud du bois renferme davantage
    De cris d'oiseaux que tout le cœur de la forêt
    II suffit qu'une lampe pose son cou de femme
    A la tombée du soir contre un angle verni
    Pour délivrer soudain mille peuples d'abeilles
    Et l'odeur de pain frais des cerisiers fleuris
    Car tel est le bonheur de cette solitude
    Qu'une caresse toute plate de la main
    Redonne à ces grands meubles noirs et taciturnes
    La légèreté d'un arbre dans le matin.
     

     

    René-Guy CADOU


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  • Si la lune tombe 

    Si la lune tombe
    comme un fruit 
    sur la paille

    N'aie pas peur

    Approche la
    doucement
    en glissant dans la nuit

    Berce la dans tes bras
    et donne-lui
    la couleur de tes rêves.

     

                Jean-Pierre Siméon (1950- )


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  • Les cheveux gris ...



    Les cheveux gris, quand jeunesse les porte, 
    Font doux les yeux et le teint éclatant ; 
    Je trouve un plaisir de la même sorte 
    A vous voir, beaux oliviers du printemps. 

    La mer de sa fraiche et lente salive 
    Imprégna le sol du rivage grec, 
    Pour que votre fruit ambigu, l'olive, 
    Contienne Vénus et Cybèle avec. 

    Tout de votre adolescence chenue 
    Me plaît, moi qui suis le soleil d'hiver, 
    Et qui, comme vous, sur la rose nue, 
    Penche un jeune front de cendres couvert.


     

    Jean Cocteau (1889-1963) 

     


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