• Ce soir à 17 h nous accueillerons la Compagnie Ephéméride pour un Récital autour de l'oeuvre de Blaise Cendrars 

     

    NOUS NE VOULONS PLUS ETRE TRISTES

    Nous ne voulons plus être tristes

    C'est trop facile

    C'est trop bête

    C'est trop commode

    On en a trop souvent l'occasion

    C'est pas malin

    Tout le monde est triste

    Nous ne voulons plus être tristes.

    Blaise Cendrars

    Sud Américaines 1924


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  • Merci

    Merci au cheval aveugle 
    à la crinière musicale, 
    merci à la lenteur, 
    à l’oeil qui marche 
    sous nos draps, 
    merci à l'ensommeillement, 
    au cri de la colère, 
    merci aux âmes 
    qui chantent la mélancolie, 
    merci au miracle 
    du proche sur le lointain, 
    à l'école buissonnière, 
    merci au désert, 
    à cet amour qui renaîtra 
    comme un zeste de neige 
    sur notre embaumement.

    Dominique Cagnard

    1950


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  • INSURGÉE

    Rouges le trait l’écriture
    Saillants sur le vif
    Le poids du monde enclavé
    Le détourner d’un son d’une voyelle
    Le broyer en fines particules

    Et ensoleiller le vivant

    Ta peur endormie
    Ton glaive porteur de beauté
    Réveiller la soif sous la glaise
    Rouler la boue son chant sourd et lent
    Malaxer son rêve enfoui

    Sa durée plaie vive encore enterrée

    Prise entre les phrases leur miel
    Et qui saignent entre les herbes
    Le vent te tient assurée d’un envol
    Qui sera ce cri cette voix
    Sur le devant de l’étang sa houle

    Et tu portes le sang et le sens au-delà des rives

    Giratoires sur les soirs enfumés crépusculaires
    Si leur rougeoiement sillonne
    Les champs levés le soc des charrues
    La voie les mots creusés leur haleine
    Le chaud des éclats de salive sur le sel

    Et tu parles tu écris sur la mer ses décombres

    Dans une mise au net de ses créatures amphibies
    Quand la double langue le métal le cercle
    De l’aveu brisent le temps étranger
    Du soluble dans l’air des parois broussailles anonymes
    Quand messagère fascinante fascinée au centre

    Tu lèves le voile des cimes.

    Jeanine Baude

    1946


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  • Hymne à l'égalité

    Égalité douce et touchante, 
    Sur qui reposent nos destins, 
    C'est aujourd'hui que l'on te chante, 
    Parmi les jeux et les festins.

    Ce jour est saint pour la patrie ; 
    Il est fameux par tes bienfaits 
    C'est le jour où ta voix chérie 
    Vint rapprocher tous les Français

    Tu vis tomber l'amas servile 
    Des titres fastueux et vains, 
    Hochets d'un orgueil imbécile 
    Qui foulait aux pieds les humains.

    Tu brisas des fers sacrilèges ; 
    Des peuples tu conquis les droits ; 
    Tu détrônas les privilèges ; 
    Tu fis naître et régner les lois.

    Seule idole d'un peuple libre, 
    Trésor moins connu qu'adoré,
    Les bords du Céphise et du Tibre 
    N'ont chéri que ton nom sacré.

    Des guerriers, des sages rustiques, 
    Conquérant leurs droits immortels, 
    Sur les montagnes, helvétiques 
    Ont posé tes premiers autels.

    Et Franklin qui, par son génie, 
    Vainquit la foudre et les tyrans, 
    Aux champs de la Pennsylvanie 
    T'assure des honneurs plus grands !

    Le Rhône, la Loire et la Seine, 
    T'offrent des rivages pompeux 
    Le front ceint d'olive et de chêne 
    Viens y présider à nos yeux.

    Répands ta lumière infinie, 
    Astre brillant et bienfaiteur ; 
    Des rayons de la tyrannie 
    Tu détruis l'éclat imposteur.

    Ils rentrent dans la nuit profonde 
    Devant tes rayons souverains ; 
    Par toi la terre est plus féconde ; 
    Et tu rends les cieux plus sereins.

    Marie Joseph Chénier


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  • Enivrez vous

    Il faut être toujours ivre.

    Tout est là :

    c’est l’unique question.

    Pour ne pas se sentir

    l’horrible fardeau du Temps

    qui brise vos épaules

    et vous penche vers la terre,

    il faut vous enivrer sans trêve.


    Mais de quoi ?

    De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise.

    Mais enivrez-vous.


    Et si quelquefois,

    sur les marches d’un palais,

    sur l’herbe verte d’un fossé,

    dans la solitude morne de votre chambre,

    vous vous réveillez,

    l’ivresse déjà diminuée ou disparue,

    demandez au vent,

    à la vague,

    à l’étoile,

    à l’oiseau,

    à l’horloge,

    à tout ce qui fuit,

    à tout ce qui gémit,

    à tout ce qui roule,

    à tout ce qui chante,

    à tout ce qui parle,

    demandez quelle heure il est ;

    et le vent,

    la vague,

    l’étoile,

    l’oiseau,

    l’horloge,

    vous répondront :

    « Il est l’heure de s’enivrer !

    Pour n’être pas les esclaves martyrisés du Temps,

    enivrez-vous ;

    enivrez-vous sans cesse !

    De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. »

     

    Charles Baudelaire

    Le Spleen de Paris - 1864


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