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En finir avec Eddy Bellegueule de Edouard Louis
4ème de couverture :
"Je suis parti en courant, tout à coup. Juste le temps d'entendre ma mère dire Qu'est-ce qui fait le débile là ? Je ne voulais pas rester à leur côté, je refusais de partager ce moment avec eux. J'étais déjà loin, je n'appartenais plus à leur monde désormais, la lettre le disait. Je suis allé dans les champs et j'ai marché une bonne partie de la nuit, la fraîcheur du Nord, les chemins de terre, l'odeur de colza, très forte à ce moment de l'année. Toute la nuit fut consacrée à l'élaboration de ma nouvelle vie loin d'ici". En vérité, l'insurrection contre mes parents, contre la pauvreté, contre ma classe sociale, son racisme, sa violence, ses habitudes, n'a été que seconde. Car avant de m'insurger contre le monde de mon enfance, c'est le monde de mon enfance qui s'est insurgé contre moi. Très vite j'ai été pour ma famille et les autres une source de honte, et même de dégoût. Je n'ai pas eu d'autre choix que de prendre la fuite. Ce livre est une tentative pour comprendre.
Mon avis :
Voilà un moment qu'il est dans ma LAL celui là, depuis sa sortie et j'ai enfin pu l'avoir à la bibliothèque !
ça commence très fort dès le premier chapitre, l'horreur de cette persécution nous arrive en plein face à peine imaginable. Et pourtant pour avoir vécu dans un petit village de Picardie je sais malheureusement comme ce que décrit Edouard Louis est criant de vérité.
La crasse, la violence, l'alcoolisme, le racisme, les préjugés, les traditions sont présents à chaque page et le pire c'est qu'on s'habitue autant le premier chapitre nous met une claque autant le reste coule (presque) tout seul. On s'habitue comme le petit Eddy s'est habitué sans comprendre, parce que c'est "comme ça".
Je ne résiste pas à l'envie de partager avec vous un passage qui m'a émue :
"L'enseignant qui m'interrogeait, l'homme aux cheveux blancs, Gérard, qui deviendra mon professeur de théâtre après mon admission, ne vécut pas du tout cet entretien de la m^me manière que moi. Il me confiera deux ans plus tard - avec cette douce ironie qui le caractérisait - que je l'avais supplié de m’accepter au lycée. Que j'étais presque à genoux devant lui. Il m'imitait : s'il vous plait monsieur sortez moi de là. Pitié, pitié. Il m'a dit que je n'avais pas cessé de sourire. Il n'avait pas trouvé cela naturel, mais avait été touché par la volonté puissante, il faudrait dire le désespoir, qui en émanait. Il m'a dit que l'avais recommencé lors de la deuxième partie de la sélection, en présentant la scène il y avait toujours quelque chose de suppliant dans ta voix, toujours." p.209
Les avis de Théoma, Aifelle, Sandrine
dans la catégorie Gros Mot
coche 2 cases (15/50)
Un livre d'un auteur de moins de 30 ans
un premier roman qui a eu du succès
Tags : Roman challenge
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Commentaires
Il ne m'a jamais attiré. Je suis picard de naissance, j'y habite encore, j'ai fréquenté une tripoté de villages du coin et si "ces gens-là" comme disait Brel font effectivement partie du paysage, l'image est quand même sacrément réductrice.
Un vrai coup de poing ce livre. Je suis contente de l'avoir lu avant la polémique, j'avais l'esprit complètement libre.
comme très touchée par ce roman témoignage : j'y pense encore souvent et je connais cette pauvreté sociale et humaine par mon lieu de travail (qui n'est pas en Picardie ;-) Un vrai coup de poing pour moi.
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J'hésite avec ce livre à cause de la polémique qui a suivi sa sortie.